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Visite Guidée Mystère Cléopâtre à l’Institut du Monde Arabe

Dernière mise à jour : il y a 4 jours

Mystère Cléopâtre à l’Institut du Monde Arabe est une exposition fascinante où histoire, science et légende se rencontrent.


Je suis guide-conférencier à Paris, et je serai ravi de vous accompagner dans cette exposition pour vous aider à décrypter les différentes images de Cléopâtre, ses mythes, ses vérités, et les trésors archéologiques récemment révélés.


Mes visites privées à l'Institut du Monde Arabe sont en français, anglais ou arabe – pour familles, adultes, groupes ou association.


Introduction


Cette exposition propose avant tout de déconstruire le mythe de Cléopâtre.


Elle nous invite à dépasser les images fantasmées pour interroger ce que l’histoire, la science et l’archéologie peuvent réellement nous apprendre sur cette reine hors du commun.


L'exposition


1 - Un détour par Versailles


Nous sommes transportés dans les jardins de Versailles, au XVIIᵉ siècle, sous le règne de Louis XIV, le Roi-Soleil. Un souverain fasciné par le pouvoir, la mise en scène et la beauté — des thèmes qui résonnent étrangement avec la figure de Cléopâtre.


La première image de Cléopâtre que nous rencontrons est saisissante : elle est nue.

Que se passe-t-il ? Un aspic, un cobra égyptien, grimpe lentement le long de son bras.

Elle est mourante, mais encore debout — une reine jusqu’au dernier souffle.


Venus egyptienne Versailles Cleopatra Cleopatre de Versailles - Institut du Monde Arabe - Guide en Arabe Matahafi.com

Car l’image de Cléopâtre change selon les époques et les lieux.

Peintres, écrivains et sculpteurs projettent sur elle leurs fantasmes, leurs peurs et leurs désirs.


2 - Le choix de l'archéologie


L’exposition choisit donc de commencer par la science.

Rien de plus solide que l’archéologie, les sources matérielles et les preuves concrètes pour tenter de percer le mystère de Cléopâtre.

Peu à peu, se dessine une image plus juste : à quoi elle pouvait ressembler, sa personnalité, son caractère, sa présence politique.


Loin de la légende, loin du mythe. Car il faut rester prudent : une grande partie de ce que nous savons de Cléopâtre nous vient des Romains — souvent ses ennemis.

Et l’histoire, on le sait, est aussi écrite par les vainqueurs.


L’exposition s’achève sur une œuvre puissante et profondément contemporaine :La Chaise de Cléopâtre, réalisée par Barbara Chase-Riboud, artiste et sculptrice afro-américaine.


3 - La légende


1. Plutarque (Iᵉʳ–IIᵉ siècle apr. J.-C.) : la naissance du récit

Plutarque n’a jamais connu Cléopâtre. Il écrit plus d’un siècle après sa mort, en s’appuyant sur des sources romaines, souvent hostiles.

Pour lui, Cléopâtre n’est pas tant une beauté parfaite qu’une femme d’intelligence, de parole et de stratégie. Il insiste sur :

  • sa voix,

  • son charisme,

  • sa capacité à séduire par l’esprit plus que par le corps.

Déjà, Cléopâtre devient un personnage narratif, plus qu’un personnage historique.


2. Rome impériale : la propagande

Après la victoire d’Octave (Auguste), Cléopâtre devient :

  • la reine orientale dangereuse,

  • la femme corruptrice,

  • l’ennemie de la morale romaine.

Elle sert à justifier la défaite de Marc Antoine :ce n’est pas Rome qui a failli, mais un homme ensorcelé par une femme étrangère.

Cléopâtre est désormais une figure politique négative, construite par les vainqueurs.


3. Moyen Âge : une figure morale

Au Moyen Âge, Cléopâtre est peu représentée visuellement.Elle apparaît surtout dans les textes comme :

  • un exemple moral,

  • une femme punie pour ses passions.

Son suicide est interprété comme un acte de "faute" plutôt que de souveraineté.

Le mythe survit, mais la reine disparaît derrière la morale chrétienne.


4. Renaissance : la redécouverte et le théâtre

Avec la Renaissance, retour aux textes antiques, notamment Plutarque.

Cléopâtre devient :

  • une héroïne tragique,

  • une reine antique digne des tragédies grecques.

Elle inspire :

  • Shakespeare (Antony and Cleopatra),

  • peintres et sculpteurs italiens et français.

Dans l’art, on privilégie :

  • le moment du suicide,

  • le corps nu ou idéalisé,

  • l’émotion dramatique.

Cléopâtre est désormais une icône esthétique et théâtrale.


5. XVIIᵉ–XVIIIᵉ siècles : pouvoir, faste et absolutisme

À l’époque de Louis XIV, Cléopâtre résonne avec les thèmes du pouvoir absolu :

  • la mise en scène du corps,

  • la majesté royale,

  • la beauté comme langage politique.

Elle devient un miroir des cours européennes, notamment Versailles.

Cléopâtre sert à parler du pouvoir contemporain à travers l’Antiquité.


6. XIXᵉ siècle : orientalisation et fantasme

Avec l’orientalisme, Cléopâtre est transformée en :

  • femme fatale,

  • créature exotique,

  • fantasme colonial.

Les artistes projettent sur elle leurs visions de l’Orient :

  • luxe,

  • sensualité,

  • décadence.

Cléopâtre est moins une reine qu’un rêve occidental.


7. XXᵉ–XXIᵉ siècles : déconstruction et réappropriation

Les artistes modernes cherchent à :

  • déconstruire les clichés,

  • revenir aux sources archéologiques,

  • interroger les enjeux de genre


Plus tard, Cléopâtre deviendra :

  • un symbole féministe,

  • une figure politique moderne pour les Egyptiens

  • un enjeu de débats identitaires (afrocentrisme, culture populaire, Netflix).


Cléopâtre n’est plus figée : elle est réinterprétée.


  1. Art, mémoire et lutte contre le racisme


Ici, Cléopâtre devient un symbole de résistance, de lutte contre le racisme, et d’affirmation identitaire. Dans une époque marquée par les débats sur l’afro-centrisme, par les représentations populaires — jusqu’à Netflix —, Cléopâtre s’impose comme une héroïne moderne, réappropriée et revendiquée.


Une œuvre née d’un dialogue intime avec l’Égypte

Barbara Chase-Riboud commence cette série consacrée à Cléopâtre à partir des lettres envoyées d’Égypte par son mari, le célèbre photographe français Marc Riboud — un autre Marc, mais pas Antoine. Ces récits, nourris de paysages, de pierres et de lumière, deviennent la matrice d’un cycle sculptural majeur.


Barbara Chase-Riboud : Une artiste d’exception

Génie précoce, Barbara Chase-Riboud entre au MoMA à seulement 15 ans, devenant l’une des premières femmes artistes à y être reconnue.Elle mêle dans son œuvre des matériaux nobles et contrastés : bronze, soie, or, créant un langage sculptural unique, à la fois monumental et sensuel.


La Chaise de Cléopâtre : une prouesse technique

La Chaise n’est pas réalisée selon la technique traditionnelle de la cire perdue, mais par moulage au sable, un procédé bien plus laborieux.L’œuvre est construite pièce par pièce, composée de milliers d’éléments reliés par des fils d’or.Le manteau de bronze semble se tordre et onduler doucement, comme animé par une force intérieure invisible.


Et voilà,

un Trône vide pour assoire Votre Cléopâtre !


Throne of Cleopatra Barbara Chase Riboud Trone de Cleopatre - Institut du Monde Arabe - Guide en Arabe Matahafi.com

Cette œuvre a été conçue dans l’atelier de l’artiste rue des Plantes, à Paris.Fait exceptionnel : Barbara Chase-Riboud a été exposée au Louvre de son vivant, un honneur extrêmement rare de la voir en personne quand j'ai guidé au Louvre.


Conclusion sur Cléopâtre aujourd’hui


Dans cette dernière salle, Cléopâtre n’appartient plus seulement à l’Antiquité : elle traverse les siècles pour devenir une figure profondément contemporaine. Tour à tour reine hellénistique, ennemie de Rome, héroïne tragique de la Renaissance, fantasme orientaliste, puis icône moderne, Cléopâtre incarne aujourd’hui le pouvoir des femmes, la complexité de l’identité, et la manière dont l’histoire se construit, se déconstruit et se réécrit sans cesse. Elle nous rappelle que l’Histoire n’est jamais figée, qu’elle dépend des sources, des regards et des enjeux de chaque époque — politiques, culturels ou idéologiques. Ici, la science, l’art et la création contemporaine dialoguent pour nous inviter à dépasser les clichés et à questionner nos propres représentations.


Venez, à votre tour, réécrire votre histoire de Cléopâtre avec moi à l’Institut du Monde Arabe, à travers une visite guidée qui relie passé, présent et mon regard d’aujourd’hui.



Ben Souheil Guide en Arabe à Paris


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